Sommes-nous purs ou impurs ?
La racine du mot hébreu Tazria est Zera – זרע signifiant « graine ». Bien que Tazria ait été traduit par « elle a conçu », il est mieux compris comme « progéniture ou descendants, mais pas nécessairement comme la semence littérale du mâle comme l’enseignent les théologiens ». La langue hébraïque a un état d’esprit très différent de notre façon de penser occidentale ; il est holistique et nous parle à travers des images et des allégories.
Comme la traduction de « korban » en offrande ou en sacrifice, qui sont tous deux en deçà de ce que cela signifie réellement… c’est-à-dire s’approcher ou s’approcher, il y a deux mots dans cette partie, « tahor – טהור et tamei – טמא ». qui ont également été mal traduits en pur et impur. Plutôt que d’entrer dans l’étymologie de ces mots, examinons ce qu’ils représentaient lorsqu’ils ont été prononcés et voyons comment ils peuvent s’appliquer à nous aujourd’hui.
Tazria commence avec une femme qui accouche et établit les lignes directrices pour être propre ou pure et impure ou impure. Lorsqu’une femme donnait naissance à un garçon, elle devait attendre sept jours comme au moment de sa niddah (menstruation) jusqu’à ce qu’elle soit considérée comme tahor, suffisamment propre pour aller au Temple afin qu’il puisse avoir sa brit milah, la circoncision le huitième jour. Cela n’avait rien à voir avec le fait qu’elle soit sale.
Selon la pensée hébraïque, chaque personne a un double aspect, physique et spirituel. Nous sommes constitués du neshama נשמה ou ruach – l’âme et du guf – גוף, le corps physique ou basar, la chair. La Torah nous enseigne que le corps, le Gouf, est sous la surveillance de l’esprit, la Neshama. Pour l’esprit hébreu, le corps et l’esprit ne forment qu’une seule unité. C’est là que se rencontre la Présence de Dieu, la Shechinah. Cependant, aujourd’hui, la plupart des gens ont accepté la compréhension grecque du corps, de l’esprit et de l’esprit, une trilogie qui sépare l’un de l’autre et dans laquelle le corps physique domine l’esprit.
La neuropsychologie enseigne que la plupart, sinon la totalité, des maladies du corps physique sont liées aux aspects spirituels ou, comme certains préfèrent l’appeler, aux aspects émotionnels de notre vie. Nous ne pouvons pas séparer le physique du spirituel. Beaucoup d’entre nous tombent malades lorsque notre nature spirituelle est faible. Nous ne nous en rendons compte que lorsque les symptômes commencent à se manifester dans diverses maladies de notre nature physique (corps). Mon beau-père était médecin et à la fin de sa vie, il m’a dit : « Mon fils, tu dois prendre soin de ce qu’il y a en toi parce que c’est ce qui provoque la maladie. Il a été prouvé que les personnes ayant de bonnes attitudes combattent mieux la maladie que celles qui sont déprimées et négatives. Les psychologues expliquent les différentes hormones, comme l’adrénaline, qui sont activées dans le système lorsque des facteurs de stress attaquent le système immunitaire.
Qu’est-ce que cela a à voir avec tazria, tahor et tamei ? Tamei signifie que nous ne sommes pas prêts à être en présence du Créateur tandis que tahor signifie que nous le sommes. Tamei, c’est tout ce qui nous pollue, qui ne nous permet pas de voir clairement notre chemin, un peu comme conduire dans un épais brouillard où il est difficile de voir par les fenêtres. Il ne s’agit pas d’être sale, mauvais ou pécheur.
Ici, après que la femme ait accouché, elle devait offrir un « korban chataat – קָרְבַּן חַטָּאת » au Temple. Chataat est traduit par pécheur, mais encore une fois, cela n’a rien à voir avec le péché. Il s’agissait de démontrer qu’elle était déséquilibrée et qu’elle avait besoin d’être restaurée. Certains sages disent que traverser un processus difficile peut nous faire nous sentir très faibles, nous laissant parfois avec un vide intérieur qui doit être comblé. Tant que ce vide n’est pas comblé, nous nous sentons perdus, hors de contrôle. C’est comme un vide dans l’âme qui doit être restauré. Ce vide spirituel se manifeste dans notre corps physique. Le manque d’équilibre entre notre neshama et notre corps peut nous faire perdre notre joie de vivre et devenir très déprimés. Nous perdons notre concentration. L’aspect spirituel de notre corps, notre neshama, doit être guéri avant que nous puissions avoir une guérison physique.
Cela ne veut pas dire que si nous travaillons continuellement à guérir notre neshama, notre corps ne se décomposera pas. Notre corps est limité dans le temps mais il y a quelque chose en nous qui ne vieillit jamais. Notre corps se détériore même si nous nous sentons encore si jeunes à l’intérieur. C’est parce que notre âme est éternelle, tandis que le corps physique continue de vieillir. Seul le corps devient « tamei ». Il ne s’agit pas d’être bon ou mauvais, pur ou impur, mais plutôt de ne pas être dans un état présentable au Créateur.
Lorsque nous faisons quelque chose de mal qui déplaît à Dieu, nous devons passer par le processus de redressement des choses avant de pouvoir nous présenter à nouveau à Lui. C’était le but des offrandes. Nous connaissons la différence entre le bien et le mal parce que nous avons été dotés d’une conscience capable de faire la différence entre les deux afin qu’il n’y ait aucune excuse. C’est une question de volonté.
Pourquoi le Créateur a-t-il choisi Israël ? Nous avions un objectif : être une nation séparée du reste du monde pour une seule raison, être « ohr l’goyim » – une lumière pour les nations, pour apporter la Torah au reste du monde. Qu’avons-nous fait ? Au lieu de rendre la Torah universelle, nous l’avons gardée pour nous, nous mettant sur un piédestal tout en considérant le reste comme inférieur, incapable de la suivre, à l’exception de quelques lois choisies (appelées Noahide). C’était et c’est toujours notre plus grande erreur dans la compréhension et l’appropriation du vrai sens du kadosh, être mis à part.
Ce livre Vayikra commence par l’inauguration du Mishkan, suivi du processus d’inauguration des Cohanim – Prêtres, avec les instructions pour leur service, puis sur « tahor et tamei », ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. La semaine dernière, nous avons vu que la nourriture était un symbole de la manifestation de notre état intérieur et que les règles de cacherout concernaient ce que nous sommes. La semaine prochaine à Metzora – מְּצֹרָע, nous examinerons « tzaraat -צָּרַעַת », traduit par lèpre, qui était une maladie spirituelle qui pouvait toucher la personne, les vêtements ou la maison. Le seul qui pouvait déclarer ces choses pures était le Cohen, le prêtre démontrant qu’il ne s’agissait pas d’un problème physique, mais d’un problème spirituel provenant du lachone harah, de la mauvaise langue, ou simplement des ragots. Les commérages détruisent l’image de Dieu puisque chaque être humain a été créé à son image.
Toutes ces choses doivent nous montrer que nous avons besoin d’un renouveau en nous-mêmes, de ne pas nous enliser dans des définitions, mais de vivre une expérience vivante. Nous devons être prêts à repenser ce que la Torah nous enseigne. Chacun de nous a des façons différentes de comprendre. Il n’y a pas deux personnes qui croient la même chose sur quoi que ce soit. Il ne faut pas suivre aveuglément une personne mais suivre le Créateur qui veut que nous réfléchissions par nous-mêmes. Il veut que nous nous parlions, que nous grandissions et que nous nous entraidions.
Tazria est la parasha de la femme qui, selon nos sages, fut la plus grande et dernière création du Boreh Olam. Il y a eu un processus de création. Il a commencé par créer le plus simple des minéraux, progressant chaque jour pour créer une matière plus complexe – les légumes, les poissons, les oiseaux, les mammifères et enfin l’homme et il a terminé avec la couronne de sa création – la femme. Elle a quelque chose que l’homme ne peut jamais expérimenter : l’apport de la vie au monde, faisant d’elle un e partenaires d’une manière particulière avec le Créateur. En tant qu’hommes, nous avons reçu le rôle de protecteurs sur le reste de son domaine, mais la plus grande chose que nous devions protéger était la femme. Aujourd’hui, cela a été perdu. Nous avons des philosophies féministes et machistes… les deux sont fausses. Le Créateur a créé l’homme et la femme pour une raison et a attribué à chacun un rôle spécifique. Quand la femme veut ressembler à un homme, elle s’abaisse. Lorsque nous inversons l’ordre du Créateur, nous devenons « tamei » où nous ne pouvons plus être en relation avec Lui. C’est alors que nous devons chercher comment devenir « tahor » afin d’être suffisamment en forme pour entretenir une relation avec le Tout-Puissant.
Chabbat Shalom
Ranebi